Plonger dans la recherche pour mieux comprendre sa maladie
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Plonger dans la recherche pour mieux comprendre sa maladie
La recherche
Stage Tous chercheurs : quatorze personnes concernées par l’hypophosphatémie liée à l’X (XLH) ou l’ostéogenèse imparfaite (OI) ont participé à ce stage organisé par la filière OSCAR.

DEUX JOURNÉES IMMERSIVES.
Comprendre la recherche en mettant la main à la pâte : c’est le défi relevé par quatorze personnes concernées par l’hypophosphatémie liée à l’X (XLH) et l’ostéogenèse imparfaite (OI) lors d’un stage immersif organisé les 3 et 4 avril 2025 par la filière OSCAR et l’association Tous Chercheurs, en partenariat avec les associations RVRH-XLH et AOI.
Ce stage, imaginé par Marion Mathieu, formatrice scientifique de l’association Tous Chercheurs, avait pour but de rendre la recherche accessible aux personnes concernées par une maladie rare : comprendre la génétique, manipuler du matériel de laboratoire, mais aussi poser toutes leurs questions à des experts.
ADN : le grand livre de la vie
L’ADN est la molécule qui contient toutes les instructions nécessaires au bon fonctionnement de notre corps. Il est organisé en gènes, qui jouent un rôle central : chaque gène permet de fabriquer une protéine, une sorte de petite machine indispensable à notre organisme.
Parfois, il arrive qu’une mutation survienne dans un gène : un petit changement dans le “texte” de l’ADN, un peu comme si on modifiait un ingrédient dans une recette. Certaines mutations n’ont pas de conséquences, d’autres peuvent modifier la protéine produite, voire l’empêcher de fonctionner correctement. C’est ce qui peut être à l’origine de certaines maladies génétiques.
Et la descendance dans tout ça ?
Nos gènes — et donc nos éventuelles mutations — sont transmis à notre descendance. On reçoit la moitié de notre ADN de notre mère, et l’autre moitié de notre père.
Cela veut dire qu’une personne porteuse d’une mutation peut la transmettre à ses enfants, parfois sans le savoir, surtout si elle n’a pas elle-même de symptômes. C’est ce qu’on appelle une transmission héréditaire. Il existe plusieurs façons pour une maladie génétique d’être transmise (par exemple : dominante, récessive, liée au sexe…), et cela dépend du gène concerné.
Les participants se sont montrés particulièrement intéressés par ces questions, interrogeant les experts sur le risque de transmission à leurs enfants et sur les possibilités offertes par le diagnostic pré-implantatoire (DPI).
Les intervenants ont ainsi pu expliquer comment, dans certains cas, le DPI permet d’identifier la présence d’une mutation génétique dans un embryon, avant son implantation dans le cadre d’une fécondation in vitro. Une option encore rare, mais disponible sous conditions spécifiques, notamment en cas de maladie génétique avérée.
ZOOM SUR LES TECHNIQUES DU LABORATOIRE.
La PCR : la photocopieuse de l’ADN
La PCR (réaction en chaîne par polymérase) est une technique qui permet de copier un fragment d’ADN des millions de fois. C’est un peu comme une super photocopieuse qui permet d’obtenir assez de matière pour pouvoir l’étudier. Grâce à cette méthode, on peut repérer si une mutation est présente dans un gène particulier.
L’électrophorèse : visualiser l’ADN
Une fois l’ADN copié, il faut l’observer. C’est là qu’intervient l’électrophorèse : on place l’ADN dans un gel (comme une sorte de gelée) et on applique un courant électrique. Les morceaux d’ADN migrent dans le gel à des vitesses différentes selon leur taille. Cela permet de visualiser les résultats de la PCR sous forme de bandes visibles. C’est un peu comme un code-barres qui révèle si une mutation est présente ou non.
Mesure de la concentration du phosphate
Une autre activité clé a été la mesure de la concentration en phosphate dans le plasma, une analyse essentielle dans le diagnostic et le suivi de l’XLH. Ce dosage permet de détecter une hypophosphatémie, c’est-à-dire un taux de phosphate trop bas dans le sang, souvent révélateur d’un dysfonctionnement du métabolisme osseux. Les participants ont découvert comment une simple donnée biologique peut guider un diagnostic.
RENCONTRE AVEC LES EXPERTS.
Lors de cette formation immersive, les participants ont eu l’opportunité d’échanger avec deux experts du domaine, le Dr Emeline MARQUANT (endocrinologue pédiatrique, CCMR maladies rares de métabolisme phosphocalcique, AP-HM)et le Dr Vincent MOREL (généticien, CCMR maladies osseuses constitutionnelles, AP-HM), venus partager leur expertise sur les mécanismes sous-jacents de l’XLH, et l’ostéogenèse imparfaite et les avancées récentes en matière de diagnostic et de prise en charge.
Les échanges ont pris la forme d’un dialogue interactif, où les participants ont pu poser librement leurs questions. L’objectif ? Apporter des réponses accessibles et adaptées à leur vécu, tout en leur offrant une compréhension approfondie des bases scientifiques qui sous-tendent leur pathologie.
Pour l’XLH, le Dr MARQUANT a expliqué comment cette maladie génétique altère l’absorption du phosphate, un élément essentiel à la solidité des os. La discussion a permis d’éclairer sur le rôle du gène PHEX, dont la mutation entraîne une surproduction du facteur FGF23, responsable de la fuite excessive du phosphate dans les urines. Elle a également évoqué les traitements récents visant à bloquer l’action excessive de FGF23, permettant ainsi d’améliorer la minéralisation osseuse et la qualité de vie des patients.
Le Dr MOREL est intervenu sur l’ostéogenèse imparfaite, cette pathologie rare qui fragilise les os dès la naissance. Il a expliqué le rôle du collagène de type I, une protéine essentielle à la solidité des os, qui est anormalement synthétisée chez les patients atteints d’ostéogenèse imparfaite. À travers des exemples concrets, il a illustré comment les chercheurs tentent d’agir sur ce mécanisme, notamment grâce aux bisphosphonates, des traitements qui renforcent la densité osseuse, mais aussi les nouvelles thérapies.
Le rôle national de la filière OSCAR
La filière de santé des maladies rares de l’os, du calcium et du cartilage - OSCAR joue un rôle dans l’accompagnement des patients, la structuration du parcours de soins, la coordination entre les centres de référence et de compétence, la diffusion des connaissances, et le soutien à la recherche et à la formation au niveau national.
C’est dans cette mission de médiation entre le monde scientifique et les personnes concernées que s’inscrit pleinement ce type d’action, co-construite avec les associations de patients.
UN GRAND MERCI à :
- Nos 14 participants, patients et aidants
- Marion Mathieu, pour son accueil et sa pédagogie
- Dr Emeline Marquant & Dr Vincent Morel, pour leur expertise et réponses
- Bénédicte Alliot, présidente de l’Association de l’Ostéogenèse Imparfaite - AOI
- Frédéric Gaulois, président de RVRH-XLH