Interview Janvier 2025


SUR LA PISTE DES FONCTIONS DE LA VITAMINE D…

Janvier 2025

Le Dr Daniela ROVITO est chargée de recherche INSERM dans l’équipe « Rôles physiopathologiques des voies de signalisation de la vitamine D » au sein de l'institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire, IGBMC, CNRS UMR 7104 - Inserm U1258.

Quel est votre parcours ?

Mon parcours de pharmacienne, débuté à l’Université de Calabre, m’a rapidement orientée vers la recherche, où chimie, biologie et médecine s’unissent pour concevoir de nouvelles thérapies.  Animée par cette approche translationnelle,


j’ai obtenu un doctorat international entre l’Italie et les États-Unis, axé sur l’innovation pharmacologique. 
Depuis 2017, à l’IGBMC de Strasbourg, je suis impliquée dans l’étude des effets physiopathologiques de la vitamine D.

Quel est votre domaine de recherche et l’expertise de votre laboratoire de recherche ?

Je fais partie de l'équipe du Dr Daniel METZGER, spécialisée dans l’étude des fonctions physiopathologiques des récepteurs nucléaires, avec plus de 30 ans d’expertise, notamment dans le développement et la caractérisation de modèles murins. Plus précisément, je travaille au sein du groupe « Rôles physiopathologiques des voies de signalisation de la vitamine D », dirigé par le Dr Gilles LAVERNY. Depuis plus de quinze ans, ce groupe explore le rôle de la vitamine D et de son récepteur (Vitamin D Receptor, VDR) dans diverses pathologies, allant des maladies rares aux cancers. 
La vitamine D et le VDR jouent un rôle essentiel dans ldéveloppement, l’homéostasie et le métabolisme, et leur


dysfonctionnement est associé à de nombreux troubles pour lesquels les options thérapeutiques actuelles demeurent limitées. Grâce à des technologies de pointe, une expertise reconnue dans la création de modèles murins, et des collaborations internationales avec des chimistes et biologistes structuraux, nous analysons les effets des déséquilibres en vitamine D sur des tissus spécifiques comme l’intestin, les reins et la prostate. En parallèle, nous étudions les mécanismes moléculaires des troubles du métabolisme du calcium et du phosphore, liés à la vitamine D, tout en développant de nouvelles approches thérapeutiques pour ces pathologies.


De droite à gauche : Dr Gilles LAVERNY, Chargé de Recherche INSERM, responsable d’équipe « Rôles physiopathologiques des voies de signalisation de la vitamine D » ; Darya YANUSHKO, doctorante en 4ᵉ année ; Vanessa FRIEDRICH, doctorante en 1ʳᵉ année ; Daniela ROVITO, chargée de recherche INSERM ; Noé PIERRAT, doctorant en 2ᵉ année ; Kateryna LEN, post-doctorante ; Abigail SAMUELSEN, technicienne de laboratoire.

Qu'est-ce qui vous a motivé à choisir ce domaine de recherche ?

Grâce à son implication dans les activités de la filière OSCAR, l'équipe a intensifié ses recherches sur les effets des niveaux élevés de vitamine D circulante, à l'origine de l'hypercalcémie. Elle se manifeste de manière variable : certains patients présentent des symptômes dès la petite enfance, tandis que d'autres restent asymptomatiques ou ne développent des signes cliniques qu'à l'âge adulte. Dans les cas les plus sévères, l'hypercalcémie est traitée avec des médicaments peu spécifiques, souvent associés à des effets secondaires


importants qui peuvent entraver la croissance et le développement. Cette situation souligne l'urgence de développer des traitements à la fois sûrs et efficaces. En parallèle, l'amélioration des outils diagnostiques est essentielle pour proposer des recommandations précises, limiter la gravité des symptômes et renforcer l'adhésion aux traitements. Nos travaux suggèrent que l'inhibition des fonctions de la vitamine D représente une approche thérapeutique particulièrement prometteuse pour cette pathologie.

Partenaire de la filière OSCAR, c’est un atout pour vos recherches ?

Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers le réseau OSCAR pour le soutien constant qu’il apporte à ma recherche et pour l’accompagnement remarquable qu’il offre aux jeunes chercheurs. J’ai eu l’honneur de recevoir le Prix Jeune Chercheur OSCAR en 2021, une reconnaissance précieuse qui a été un véritable tremplin pour mes travaux. Par ailleurs, le financement « Impulsion à la Recherche » 2024 a joué un rôle clé en consolidant mes projets scientifiques et en leur offrant une nouvelle impulsion. Dans un environnement à la fois stimulant et enrichissant, j’ai pu obtenir des résultats significatifs, contribuant directement à l’obtention de mon poste de Chargé de Recherche à l’INSERM cette année.


"Grâce au réseau OSCAR, ma
carrière a pris un essor remarquable, s’ouvrant ainsi à de nouvelles perspectives passionnantes et prometteuses pour l’avenir."

 
Vous êtes lauréate de l’appel à projet « Impulsion à la Recherche 2024 » de la filière OSCAR, pour votre projet sur « Investigating the Impact of Chronic Vitamin D Intoxication on Bone ​». 

Quels sont les objectifs de cette étude et les résultats attendus ?

La vitamine D joue un rôle essentiel dans la santé des os en régulant les niveaux de calcium et de phosphate dans l'organisme. Si des niveaux suffisants sont nécessaires pour prévenir les problèmes osseux, il est tout aussi crucial de veiller à ne pas dépasser la dose recommandée afin de préserver l'intégrité du tissu osseux. Ce projet, réalisé en collaboration avec le Pr Claire BARDET, a pour objectif d'étudier le phénotype osseux de souris dont le gène Cyp24a1 est inactivé.

 


Ce gène est souvent impliqué dans l'hypercalcémie secondaire à une hypervitaminose D, une condition observée chez certains patients. Nous sommes convaincus que cette recherche, qui aborde des aspects encore peu explorés dans les modèles animaux, apportera une importante contribution à la prise en charge clinique de cette pathologie rare. En étudiant ces mécanismes, nous espérons également ouvrir de nouvelles voies pour mieux comprendre et traiter les affections osseuses et calciques rares.

Quels bénéfices envisagez-vous pour la prise en charge des patients grâce à cette recherche ?

Cette étude vise à explorer en profondeur les mécanismes par lesquels la vitamine D régule l'équilibre de la santé osseuse dans son ensemble, en incluant tant les tissus osseux que dentaires. En identifiant les voies biologiques spécifiques impliquées, les résultats de cette étude pourraient, une fois appliqués à des contextes cliniques plus larges, ouvrir la voie à des


stratégies innovantes pour prévenir les fractures et améliorer la prise en charge de la santé osseuse. Ces avancées pourraient non seulement réduire le risque de fractures, mais aussi permettre d’optimiser les traitements et de mieux cibler les besoins en vitamine D selon les spécificités de chaque patient.

Quels sont vos projets futurs et les directions que vous souhaitez explorer dans vos recherches ?

Mon rêve le plus cher, partagé par tous les membres de mon équipe, est que les hypothèses, données et résultats que nous avons collectés contribuent, à terme, à améliorer les traitements des patients. Nous avons l’ambition de développer des solutions thérapeutiques plus efficaces et puissantes, afin de répondre aux


thérapeutiques plus efficaces et puissantes, afin de répondre aux besoins de ceux qui en ont le plus besoin. C’est vers cet objectif que nous orientons nos recherches, avec l’espoir que nos découvertes auront un impact concret et durable sur la vie des patients.


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