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The International Skeletal Dysplasia Society (ISDS) meeting 2024 :
une dynamique française au cœur du congrès

Du 18 au 21 septembre 2024, la communauté scientifique et médicale spécialisée dans les maladies osseuses constitutionnelles s’est réunie à Madrid pour l’édition 2024 de l’International Skeletal Dysplasia Society (ISDS). Ce rendez-vous incontournable a été riche en discussions, présentations innovantes et échanges fructueux autour des dernières avancées. Parmi les nombreux moments forts, plusieurs communications présentées par des membres de la filière OSCAR ont retenu l’attention.

Le Dr Marion AUBERT MUCCA, médecin généticien au CHU de Toulouse, lauréate du prix OSCAR pour le “MEILLEUR ARTICLE SCIENTIFIQUE 2024”, revient sur ces interventions marquantes.

Le gène KIF22 à l’honneur

 Distinction dès l’ouverture avec une présentation du Pr Valérie CORMIER-DAIRE, médecin généticien, responsable du centre de référence coordonnateur des maladies osseuses constitutionnelles (MOC), à l’hôpital Necker-Enfants Malades (AP-HP), consacrée à KIF22, un gène impliqué dans le phénotype SEMDJL2 (dysplasie spondylo-epi-métaphysaire avec hyperlaxité ligamentaire type leptodactylique).

Ses travaux ont mis en évidence que les variants homozygotes n’induisent pas de différences majeures par rapport à la forme dominante précédemment décrite. De plus, ses résultats montrent que ces variants pathogènes réduisent la sécrétion des protéoglycanes, des macromolécules essentielles au maintien de l’intégrité du cartilage et à l’architecture de la matrice extracellulaire osseuse. Cette découverte ouvre des voies pour mieux comprendre les processus biologiques et identifier des cibles potentielles pour des traitements innovants.

Une avancée avec SMAD7

La Pr Corinne COLLET, biologiste en génétique moléculaire au centre de référence coordonnateur des maladies osseuses constitutionnelles (MOC), à l’hôpital Necker-Enfants Malades (AP-HP), a présenté ses recherches sur SMAD7, un nouveau gène associé à une maladie osseuse condensante, marquée par une hyperostose facio-mandibulaire et une ostéosclérose des os longs. 

Les analyses fonctionnelles ont confirmé la pathogénicité des variants bialléliques identifiés. Ce gène semble jouer un rôle clé dans le remodelage osseux accru, en particulier durant l’enfance et l’adolescence. Une piste prometteuse pour d’éventuelles perspectives diagnostiques et thérapeutiques pour cette maladie rare encore méconnue.

Dysplasies squelettiques liées à des dysfonctions mitochondriales

La Dr Caroline MICHOT, médecin généticien, au centre de référence coordonnateur des maladies osseuses constitutionnelles (MOC), à l’hôpital Necker-Enfants Malades (AP-HP) a exploré les liens entre dysplasies squelettiques et anomalies mitochondriales. Sa présentation portait sur une cohorte de 9 patients atteints de variants bialléliques dans les gènes LONP1, AIFM1 et PISD.

Les patients présentaient des phénotypes distinctifs, incluant un retard de croissance intra-utérin et postnatal (-2 à -5 DS), une absence de microcéphalie et des anomalies squelettiques caractéristiques : platyspondylie, cyphoscoliose, et dysplasies épiphysaires. Les retards psychomoteurs et anomalies ophtalmologiques complètent ce tableau clinique éclairant.

Ces travaux mettent en évidence des signatures cliniques et radiologiques spécifiques, offrant de nouvelles clés pour le diagnostic différentiel de ces maladies complexes.

Analyse génomique française (PFMG 2025) : 400 génomes décryptés

La présentation réalisée par les Prs Corinne COLLET et Sophie RONDEAU, biologistes en génétique moléculaire au centre de référence coordonnateur des maladies osseuses constitutionnelles (MOC), à l’hôpital Necker-Enfants Malades (AP-HP), a permis de mettre en avant une analyse complète de 400 génomes dans l'indication "Maladies osseuses constitutionnelle" du PFMG 2025, avec un rendement de diagnostic à environ 30 %.

Cette étude a été essentielle pour préciser les profils génomiques de plusieurs pathologies rares, consolidant la contribution française à la découverte de nouvelles voies diagnostiques.

Avancées en diagnostic prénatal : l'exome au service des familles

Roxana BORGHESE, conseillère en génétique au centre de référence coordonnateur des maladies osseuses constitutionnelles (MOC), à l’hôpital Necker-Enfants Malades (AP-HP), a présenté une étude portant sur le séquençage de l’exome dans un contexte prénatal. Ses travaux ont permis de diagnostiquer des maladies osseuses rares chez des fœtus dans près de la moitié des cas analysés.

Cette avancée offre des perspectives cruciales pour l’accompagnement des familles et la planification des soins, tout en soulignant le rôle central de la génomique dans la médecine périnatale.

L’édition 2024 de l’ISDS a illustré la place centrale de la recherche française dans le champ des dysplasies squelettiques. Les membres de la filière OSCAR ont brillamment partagé leurs avancées, renforçant la dynamique collaborative et l’impact scientifique de nos travaux. Ce congrès constitue une belle illustration de l’importance des échanges interdisciplinaires et de la mobilité internationale pour relever les défis posés par ces maladies rares.

Rendez-vous dans deux ans pour la prochaine édition de l’ISDS, avec l’espoir de voir de nouvelles avancées françaises briller sur la scène internationale.