Actus - septembre 2024

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Combien de personnes atteintes de DFO/SMA ?

La dysplasie fibreuse des os (DFO) est une maladie rare qui affecte le développement normal du tissu osseux. Elle se caractérise par le remplacement du tissu osseux sain par du tissu d’allure fibreuse dans la moelle osseuse, ce qui entraîne une fragilité des os, des déformations, et des fissures voire des fractures. Les lésions osseuses peuvent être localisées à un seul os (dite forme monostotique), ou toucher plusieurs os (dite forme polyostotique). La DFO peut parfois être associée à d';autres manifestations cliniques, notamment des anomalies endocriniennes telles que la puberté précoce, ainsi que des taches cutanées de couleur café au lait, caractéristiques du syndrome de McCune-Albright (SMA).

Bien qu’appartenant aux maladies rares, la DFO et le SMA n’en sont pas moins fréquentes. Une récente étude danoise a permis de quantifier l'incidence* et la prévalence* de ces pathologies, qui sont des données importantes pour la stratégie de soins et l'amélioration du suivi des patients.

Basée sur les données du registre national danois des patients de 1995 à 2018 et exploitant les systèmes de codage CIM-9 et CIM-10, l'étude a révélé que l'incidence* globale de la DFO/SMA au Danemark est de 3,6 pour 1 000 000 personnes-années, confirmant leur statut de maladies rares selon la définition de l'Union européenne. La prévalence* est de 61,0 pour 1 000 000 personnes, équivalant à environ 1 cas pour 16 500 personnes. En extrapolant ces données à la population française (environ 67 millions), on peut estimer qu'il y aurait environ 4 000 cas de DFO/SMA en France.

Diagnostic : progrès techniques
La majorité des diagnostics de DFO/SMA au Danemark sont établis entre l’âge de 11 et 20 ans, avec deux tiers des cas identifiés comme DF monostotique (DFM) et un tiers comme DF

polyostotique (DFP)/SMA. Les cas de DFP/SMA sont diagnostiqués plus précocement en raison de leur phénotype plus sévère.  Les avancées récentes en imagerie et en techniques diagnostiques ont permis une détection accrue des cas de DFM, notamment grâce au dépistage des mutations dans le gène GNAS, facilitant ainsi la différenciation entre les lésions DFM et d'autres anomalies osseuses.

Comparaison avec d'autres maladies osseuses rares
Comparativement, la DFO/SMA a une incidence et une prévalence plus faibles que certaines autres maladies osseuses rares comme l'ostéogenèse imparfaite (OI) et le rachitisme hypophosphatémique lié à l'X (XLH), bien que sa prévalence soit comparable à celle de l'achondroplasie, mais inférieure à celle de l'hypophosphatasie. Il est important de noter que la majorité des cas d'OI, de XLH et d'achondroplasie sont diagnostiqués dans la petite enfance, tandis que la DFO/SMA tend à être détectée à un âge plus avancé.

Perspectives pour les futurs travaux
Pour améliorer la précision des données épidémiologiques, les auteurs suggèrent que les futures études intègrent des codes de diagnostic spécifiques pour la dysplasie fibreuse craniofaciale et distinguent plus clairement les différents types de la maladie.
Ces informations sont essentielles pour le dépistage, la planification des ressources et des services de santé, ainsi que pour l'orientation des politiques de santé publique et des décisions concernant le financement de la recherche et des traitements. Une meilleure compréhension de la répartition géographique et démographique de la maladie aidera également à affiner les efforts de prévention et à optimiser la prise en charge des patients.

*La prévalence mesure le nombre de personnes affectées par une maladie à un moment donné, tandis que l'incidence indique le nombre de personnes qui développent la maladie pendant une période donnée.

Pour en savoir + : Incidence and Prevalence of Fibrous Dysplasia/McCune-Albright Syndrome: A Nationwide Registry-Based Study in Denmark
Meier ME, Vágó E, Abrahamsen B, Dekkers OM, Horváth-Puhó E, Rejnmark L, Appelman-Dijkstra NM.J Clin Endocrinol Metab. 2024 May 17;109(6):1423-1432.


DFO : quand les cellules osseuses se parlent de travers…

La dysplasie fibreuse des os (DFO) est une maladie osseuse rare, génétique mais non héréditaire. Elle est causée par des mutations du gène GNAS, qui empêchent les cellules qui fabriquent les os de se développer correctement, entraînant des lésions osseuses composées de tissu fibro-osseux. Actuellement, il n’existe aucun traitement établi dans la DFO. Cependant, de plus en plus de preuves suggèrent que le ciblage de RANKL (receptor activator of nuclear factor-κB ligand), qui stimule la formation des ostéoclastes, pourrait être une stratégie thérapeutique prometteuse. 

Malgré son apparence inerte, l’os est un tissu dynamique qui se renouvelle constamment grâce à un processus appelé « remodelage osseux », impliquant :

  • Les ostéoclastes :
        responsables de la résorption de l'os ancien.
  • Les ostéoblastes :
        responsables de la formation de l'os nouveau.

Ces cellules doivent être étroitement régulées pour maintenir l'équilibre du tissu osseux. RANKL (receptor activator of nuclear factor-κB ligand) joue un rôle clé dans cette régulation en stimulant la formation des ostéoclastes (ou ostéoclastogenèse). En effet, lorsqu'il se lie à son récepteur RANK situé sur les précurseurs des ostéoclastes, le RANKL déclenche leur transformation en ostéoclastes matures. Ces cellules matures résorbent l'os, ce qui peut aggraver les lésions dans la DFO.

Le dénosumab, un inhibiteur de RANKL, empêche la formation excessive d'ostéoclastes. Une étude clinique (phase 2) récente a démontré que ce traitement peut considérablement réduire les lésions osseuses chez les personnes atteintes de DFO. De plus, des études sur des modèles animaux ont confirmé que l'inhibition de RANKL améliore la minéralisation des lésions et limite leur expansion, en réduisant la résorption osseuse causée par les ostéoclastes.

Une récente étude publiée dans la revue Bone Research, a exploré les mécanismes sous-jacents à l'inhibition de RANKL dans la DFO et ses effets indirects probables sur les ostéoprogéniteurs (précurseurs des ostéoblastes), en utilisant des échantillons de tissus humains (avant et après le traitement par le dénosumab) et des modèles animaux.

Les résultats ont révélé que le dénosumab ne se contente pas de réduire l'activité des ostéoclastes. Il diminue également l'activité des lésions de la DFO en empêchant la multiplication des ostéoprogéniteurs et en favorisant la formation osseuse. Ces résultats apportent une nouvelle compréhension de la pathogenèse de la DFO induite par une communication croisée déséquilibrée entre les ostéoclastes et les préostéoblastes/ostéoblastes. Ces avancées soutiennent l'utilisation du dénosumab comme stratégie thérapeutique potentielle, offrant ainsi un espoir aux patients souffrant de cette maladie rare et souvent invalidante.

En savoir + :  RANKL inhibition reduces lesional cellularity and Gas variant expression and enables osteogenic maturation in fibrous dysplasia. 
de Castro LF, Whitlock JM, Michel Z, Pan K, Taylor J, Szymczuk V, Boyce B, Martin D, Kram V, Galisteo R, Melikov K, Chernomordik LV, Collins MT, Boyce AM.Bone Res. 2024 Feb 20;12(1):10. doi: 10.1038/s41413-023-00311-7.

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